CONSTRUCTIONS ILLEGALES: L'ARMEE ENVOIE LE BULLDOZER

Le régime militaire est passé à l'offensive contre les constructions privées, bâties sur le domaine public sans autorisation. Ce vendredi matin, les badauds suivaient la progression du bulldozer dans les quartiers de la Coulée et Hadoudja nord. Parmi les constructions connues, celles des familles Taki, le défunt président de la République près de Radio Comores et près de la boulangerie Salimamoud. Ces 2 maisons non terminées étaient bâties dans les cours de maisons administratives. Celle de M. Ahmed Abdou, dit Graneto, entrepreneur en bâtiment, était bâtie sur un terrain appartenant à la Société d'Electricité. Toutes ces constructions ont été débutées sous Taki. C'est vers la fin ce régime qu'il eut une débauche de constructions sauvages sur les parcelles libres de la Coulée, jusque dans les cours des villas administratives. Le président Taki, avait débuté son mandat en exprimant de grandes ambitions sur un urbanisme contrôlé et rénové à Moroni. Pendant 2 mois les agents de l'administration des domaines et du logement étaient mobilisés pour surseoir à toute transaction sur le domaine public et arrêter les constructions sur le domaine public, une pratique qui remonte aux temps de l'autonomie interne, quand les politiques et les hauts fonctionnaires comoriens eurent les mains libres. Les discours de Taki furent vite oubliés, et ce fut une course effrénée aux parcelles vacantes. Plusieurs villas administratives se sont trouvées dans l'arrière cour des nouvelles maisons des puissants du moment. Le slogan en vogue était "yinu deyahataru" ( C'est notre pouvoir).

PRC-ACTUALITES: il est certain que cette initiative sera bien accueillie dans les quartiers populaires de Moroni et par ceux qui ne se formalisent pas de la violation manifeste de la loi par la voracité des élites et des dignitaires qui se sont succédés. Cependant, faire l'exemple, ne saurait justifier qu'on s'attaque aux seuls proches du défunt président, parce que leur morgue du temps de leur splendeur, leur vaut beaucoup d'inimités aujourd'hui. La loi doit être appliquée également à tous; ces pratiques ont plus de 30 ans. Les notifications et procédures réglementaires doivent être respectées.


DELEGATION DES 21 A L'OUA

Dans le cadre des initiatives des 21 pour relancer le processus de résolution à la crise séparatiste, une délégation doit partir à Addis Abbeba pour rencontrer M.Salima A. Salim et les représentants des pays de la région. Le départ est prévu pour vendredi 19 novembre.


JARDIN PUBLIC DE MAGUDJUU: LE PNUE A MORONI 

Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), a envoyé un représentant à Moroni, pour faire le point sur le terrain litigieux de Magudjuu (v. PRC ACTUALITES DU 27/10/99). Le PNUE et la FAO subventionnent les travaux d'aménagement du terrain en jardin public, une initiative soutenue par tous, dans un pays où la capitale, démunie d'espace vert, pourrit sous les détritus des décharges publiques. Après le jugement du tribunal de Moroni, reconnaissant à la famille Said Ibrahim la propriété du terrain, à un stade très avancé du projet, ce litige apparemment mineur, pose la question de la crédibilité de l'administration et de l'état comoriens. Il embarrasse les agences de l'ONU impliquées. En effet les jeunes gens à l'initiative du projet, ont toujours agi après consultation et sous les conseils des différentes administrations qui se sont succédées sous, et depuis Taki. Les procédures réglementaires prônées par les autorités ont été suivies et c'est parce que le projet avait l'imprimatur de l'état que le PNUE et la FAO ont débloqué les fonds. 10 millions de KMF, c'est seulement le prix d'une voiture moyenne, un micro projet. Mais la confiance au sérieux de l'état, et à sa conscience légale est mise en question. Les agences de l'ONU, se demandent quoi faire, elles qui pour une fois, pensaient avoir trouvé un petit projet modèle, visible porté par l'engagement de la population bénéficiaire. Le Comité d'état réalise qu'il risque de porter le chapeau des négligences et bêtises passées et cherche une solution. Après une visite d'Azali aux jeunes de Magudjuu pour calmer les esprits, des émissaires étudient une solution négociée. L'état proposerait un autre terrain à la famille Said Ibrahim en échange. En attendant les jeunes ont fait appel du jugement.

PRC-ACTUALITES: cette affaire pose encore une fois la question de l'insécurité juridique en matière foncière. Le droit dit musulman basé sur le Minhadj, les pratiques coutumières, le droit civil et le droit commercial hérités de la France cohabitent et s'opposent souvent. Cela crée les embrouilles et favorise les combines. Parmi les grands freins au développement, les potentiels investisseurs comoriens et étrangers citent toujours la question foncière. Un cabinet d'avocats mauricien avait mis 2 ans, en collaboration avec des collègues comoriens, pour faire la clarté sur le statut juridique du terrain de Maludja, près de l'hôtel Galawa, à la demande de La Banque Européenne d'Investissements et Sun International.


BANDA SAMLINI: UNE FERME TRES CONVOITEE

 L'ancienne ferme expérimentale de Banda Samlini est l'objet d'un différend opposant les régions Itsandraa et de Hamahame. Elle a été louée au gynécologue Kassimou Said , pour un bail de 99 ans par le gouvernement Caabi, après le coup d'état de 1995. De nombreux incidents ont opposé le locataire aux propriétaires des terres voisines. Le dernier épisode en date est la condamnation a de fortes amendes et à 6 mois avec sursis de jeunes de paysans du village de Batou dans le Hamahamet, pour dégradation de la propriété attaque contre les bêtes de la ferme. Ils se défendent en accusant M.Kassimou de laisser ses bêtes s'attaquer aux cultures des champs voisins et contestent . Maintenant ce sont des notables du Mamahame qui revendiquent les terrains. Selons eux, c'est une partie du Hamahame et c'est à la région de décider de son affectation. Aussiôt cette revendication connue, les notables de Hamanvu, appuyés par des représentant des autres parties de l'Itsandraa, ont fait valoir l'appartenance des terres à l'Itsandra . Ils reconnaissent néanmoins à l'état, le droit de disposer des terres dans le respect des lois en vigueur. Une réunion jeudi 4 s'est tenue chez le gouverneur de la Grande Comore avec en plus des régions déjà nommées, le Mbudé, les préfets et le gouverneur. Le seul résultat qui en est sorti est une promesse du gouverneur de renégocier le contrat, attaqué comme un cadeau fait à M. Kassimou par un gouvernement ami.

La ferme a été construite par les Sud Africains sous Ahmed Abdallah, quand le régime de l'apartheid , comptait peu d'amis en Afrique et utilisait l'archipel comme base d'écoutes, de déstabilisation des régimes et mouvements nationalistes d'Afrique orientale et australe et comme pays tampon abritant les trafics en tout genre. C'était l'époque où Pretoria versait plus d'un milliards de KMF par an pour la garde présidentielle dirigée par Bob Denard, en bonne intelligence avec les services français. La ferme était un cadeau. Néanmoins, les variétés de patates douces, oignons, tarots, tomates, carottes et plusieurs autres légumes cultivées aujourd'hui aux Comores ont été popularisées par cette ferme. Des expériences prometteuses de croisement de zébu comorien et de vaches sud africaines ont été abandonnées après don de la ferme, des installations et du cheptel à l'état comorien. L'accès de la ferme se fait par Ipvembeni, la route partant de Itsundzu près de Bahani est devenue impraticable.