AZALI ET ABEID: SUR LA DEFENSIVE

Le Colonel Abeid s'est fait désigner Chef de l'état d'Anjouan. Son collègue Azali, va nommer un premier ministre. Tous deux cherchent à échapper à des situations difficiles, aux pressions accrues de la communauté internationale et à la mobilisation de leurs adversaires politiques.

Abeid, cherche à se renforcer contre les clans Abdallah Mohamed et Saindou Cheikh. La résolution du "congrès" réuni le 25 a été adoptée ( voir dans la rubrique "Documents") par 17 voix contre 3, dont celle du président Saindou Cheikh. Apparemment, MM. S.Cheikh et A.Mohamed constituent l'aile dure du pouvoir sécessionniste, n'acceptant aucune concession sur l'indépendance de l'état d'Anjouan. Abeid affiche une attitude conciliante, dans ses contacts avec les visiteurs des organismes internationaux, mais n'a rien cédé sur le fond. L'opposition entre les factions du pouvoir s'est aiguisée au point que chaque groupe soupçonne l'adversaire des pires motifs. Les amis d'Abeid assurent que Saindou Cheikh a tenté vainement de corrompre des éléments assurant la protection du colonel pour un putsch. En se faisant nommer chef d'état Abeid pense accroître ses marges de manœuvre. La pression internationale et les dissensions dans l'île le contraignent à l'action, certains croient la signature de l'Accord inévitable. Les consignes françaises, restreignant le transit par Mayotte des voyageurs Anjouanais, sont interprétées comme un signe de lâchage. Des proches d'Abeid envisagent même un scénario de l 'après signature de l'Accord d'Antananarivo. Pour eux, rien ne dit qu'Azali devrait être au-dessus de leur colonel . Abeid, chef de l'état comorien pendant la transition, serait la preuve de la bonne volonté des Grands Comoriens.

Le colonel de Moroni a du, lui, revenir sur les convictions exprimées après sa confiscation du pouvoir: le premier ministre source de complication et de paralysie de l'exécutif, vecteur des pressions des partis. Pour casser l'offensive des 21 partis signataires du manifeste, et assouplir le front du refus qui lui a été opposé par les pays de la COI contre sa participation au sommet de la Commission de l' Ocean Indien, qui se tiendra les 3-4 décembre à La Réunion, Azali cherche vite à nommer un premier ministre. Jusqu'ici, le pouvoir faisait toujours croire à ses partisans, que la communauté internationale avait accepté le coup. Les rebuffades subies par les représentants de Moroni, l'humiliation d'Alger étaient dépeintes comme autant de victoires du colonel sur la scène internationale. Cela couvrait l'enlisement interne. Le sommet de la COI va mettre le roi à nu. Azali joue son va-tout en précipitant la nomination d'un premier ministre, dans l'espoir que ce dernier sera accepté à la Réunion. C'est pense-t-il aussi, un signe d'infléchissement vers un régime civil dans l'esprit de l'Accord d'Antananarivo. Radio Comores pourrait toujours dire que le Chef de l'Etat s'est fait représenter par le premier des ministres. Quelques partis ont accepté la mascarade de consultation pour la nomination "d'un premier ministre qui doit être Mohélien". Au nom de quoi, de quelle constitution? Les partis doivent proposer 3 noms. La compétition entre Bianrifi, Boléro, Oukacha, Fayçal et les autres est déjà féroce. Le chef et ses proches ont déjà préparé un bouc émissaire pour le cas où l'aéroport de St Denis de la Réunion serait fermé au . M. Amine Soefou, ministre des affaires étrangères, pourtant fidèle parmi les fidèles, porterait le chapeau, pour incompréhension et non transmission des messages des Français.


SALIM AHMED SALIM: AZALY N'A QU'A RENTRER A LA CASERNE

Recevant la délégation comorienne au siège de l' O.U.A, le 24 novembre, le Secrétaire général s'est félicité de l'initiative des partis. A son avis, ce front commun encouragera les partenaires des Comores et les pays voisins à intervenir de façon concrète pour la résolution de la crise. Il a informé les délégués, de la décision de l'Organe Central de l'OUA, de convoquer une réunion des ministres de la région pour décider cette fois-ci des mesures à prendre pour mettre fin à la sécession anjouanaise. " ...la communauté internationale est fatiguée des manœuvres dilatoires des dirigeants sécessionnistes, des promesses jamais tenues. Cette fois, il faut agir". M. Salim a regretté que le coup d'état d'Azali ait donné aux sécessionnistes l'air dont ils manquaient. Il a fait part aux délégués, en tant que signataires de l'Accord d'Antananarivo, de son entrevue avec les représentants qu'Azali a envoyés à Addis; le dernier étant M. Amine Moumine. Ce dernier était porteur d'un message sur l'adhésion du chef de la junte à l'accord d'Antananarivo. M. Salim a répondu que l'une des premières mesures dans l'Accord est la constitution d'un gouvernement consensuel. M. Azaly n'avait donc qu'à partir. La délégation lui a remis une copie du Manifeste des 21 et les Propositions de Sortie de la Crise. (voir dans la rubrique DOCUMENTS à la page d'accueil)

 


INTOXICATION ALIMENTAIRE A BIMBINI: REFOULEMENT A OUANI

Il y a deux jours, 105 cas d'intoxication par viande de tortue, ont été rapportés à Bimbini, Anjouan. 2 morts et 6 cas graves ont été recensés. Une mission de 2 personnes, envoyée par le Programme Régional de l'Environnement de la Commission de l'Océan Indien (PRECOI) et le Ministère de la Santé des Comores a été refoulée par les autorités séparatistes. La Grande comorienne, n'a pas été inquiétée, sinon qu'elle a raté l'avion le même jour pour retourner à Moroni. L'autre membre de la mission, d'origine anjouanaise fut arrêté manu militari. Tous deux furent reconduits à l'aéroport, le lendemain, et prirent l'avion délestés de leurs documents.

Une autre mission fut dépêchée. Composée cette fois ci d'un Malgache et d'un Mauricien, elle a pu entrer à Anjouan sans problème.

 


BOLERO: VA-T-IL MENER LA DANSE?

Ahamadi Madi Boléro, directeur de cabinet du Chef du Comité d'état, le colonel Azali, part favori dans la course des 3 Mohéliens pour le poste de premier ministre. Depuis 3 semaines, Bolero, laissait entendre à ses proches qu'un premier ministre mohélien serait nommé. A ceux qui lui demandaient des noms, il répondait invariablement: pourquoi pas moi?. Pour Azali, Boléro est celui qui a un minimum d'expérience diplomatique pour servir de contre feu aux pressions de la communauté internationale. Boléro est aussi l'artisan de l'alliance du colonel avec Mohamed Hassanaly, faisant des proches de ce dernier, le pivot du régime. Bien qu'à Moroni, les jeux semblent faits, il ne faut pas proscrire la possibilité de pressions de dernière minute, de la part d'autres prétendants de l'île fertile. Azaly était parti seul à Mohéli, s'entretenir avec Mohamed Hassanaly sur la question du premier ministre. Il reste que quel que ce soit le choix, Boléro qui est juriste de formation, doit faire vite pour adapter "la constitution" des militaires au nouveau poste dont Azali ne voulait absolument pas entendre parler à ses débuts.