N° 06 / Octobre 1999
Directeur de la publication:
Bourhani Nourdine
Editorial : Cafouillage
!
Par la Rédaction
Les réunions vont bon train dans les différents salons des états majors des partis politiques qui se cherchent pour des alliances politiques bien connues en périodes électorales. Certain mort-né tel la coordination de 19 partis tente de se ressusciter pour se positionner, d'autres entretiennent encore une unité de façade sans objectifs politiques communs.N'empêche, d'autres partis tel Uma ouvrent pour la mise en place de l'UDR.
Le PRC et le FNJ, partis signataires de l'accord de Tana, se
rebiffent à toute forme de fusion et, comme des électrons
libres, semblent disposés à ne passer que des contrats à la
carte dont les termes reposent nécessairement et
inéluctablement sur des propositions concrètes de sortie de
crise.
Les initiatives se multiplient, les assises se diversifient sur
l'ensemble de l'île de Ngazidja, livrée aux différentes
formations : au nord, siège la coordination des 19 partis, à
l'Est devait se tenir le dimanche 18 oct, un meeting des
militants et sympathisants de Said Said, au centre les
signataires de l'Accord de Tana se retrouvent au Club des amis.
La classe politique s'échauffe et s'agite, les rumeurs vont dans
tous les sens et l'armée marque sa présence. Entre-temps la
crise économique, financière, institutionnelle et politique
s'enlise et les autorités en place s'accrochent davantage au
pouvoir. Tout porte à penser que, hanté par la peur de perdre
le contrôle des évènements, chacun se livre à des stratégies
de fuite en avant qui augurent mal de la sortie de crise.
Et au moment où ils risquent tous d'être rattrapés par
l'histoire, seul le pays, qui est en droit de réclamer d'eux des
propositions concrètes, saura tôt ou tard, comme dirait le
jugement de la cour, les rendre blanc ou noir. Pareille sentence
n'appartient qu'à l'histoire!
Vers les prolongations
Par Aboubakar
Dans l'euphorie d'un pouvoir politique ramassé par terre,
l'armée s'en est pris violemment à une classe politique atteint
" d'immobilisme " devant la " menace d'une guerre
civile à la rwandaise ". Elle s'est taillée une charte sur
mesure, investi son commandant, Chef de l'Etat cumulativement à
ses fonctions de chef d'Etat major des forces armées qui exerce
indistinctement les pouvoirs législatif et réglementaire.
Un calendrier électoral a été établi; des engagements
solennellement pris dont le respect de l'esprit de l'Accord de
Tana. Des priorités ont été nettement dégagées : faire
signer l' accord de Tana par les séparatistes d'Anjouan,
rassurer la communauté internationale, assainir les finances
publiques et ramener le bateau à bon port dans la quiétude de
l'équipage et des passagers. Au bout du parcours, l'armée
retrouverait ses missions républicaines en regagnant les
casernes à l'issue d'une cérémonie d'investiture prévue pour
mars 2000. Les partis politiques ont été alors invités par le
Colonel Azali à ne s'investir qu'aux rendez-vous électoraux car
de toutes les façons il "n'entend pas jouer aux
prolongations ".
Devant ce discours séduisant et prometteur d'une transition sans
heurts, certains ont gagé sur l'échec d'un " petit Bokassa
inexpérimenté ", d'autres, par retenue, lui ont accordé
une présomption de maîtrise des enjeux du moment, ou tout au
moins, une période de grâce pour le juger au résultat.
Au-delà des jugements des uns et des autres, les limites d'un
tel processus sont vite apparues et la déception est à la
hauteur de l' enchantement : l'Accord de Tana souffre encore dans
les coffres-forts du régime. Sous prétexte d'en extraire
l'esprit, le pouvoir militaire rudoie sans ménagement les
parties signataires " qui ignorent même ce qu'ils ont
signé " et la communauté internationale. Aujourd'hui il
bute devant les échéances qu'il s'était fixées. Les
commissions mises en place, notamment celle chargée de
l'élaboration des textes ne fonctionnent pas, les projets de
textes constitutionnels ne sont toujours pas élaborés et donc
non remis aux partis politiques à la date indiquée par l'armée
(fin août). Le referendum n'aura donc pas lieu en décembre, à
moins que l'armée ne l' impose par les baïonnettes.
Le pouvoir se tait. Mais devant l'impasse, des langues
indiscrètes annoncent discrètement le report du calendrier
quand bien même le pouvoir se montre confiant et serein
évoquant, à l'appui de ses thèses, la " disponibilité de
l'Union européenne à financer les scrutins ". Piètre
consolation ! Le pouvoir militaire, toujours en quête d'une
légitimité populaire noie cette réalité dans les bains de
foules des meetings.
Le peuple comorien, embarqué sur un bateau ivre, dont seul le
commandant de bord, l'armée, maîtriserait la destination,
souffre sérieusement du mal de mer, se résout à la fatalité
et guette un navire de sauvetage. Il espérait accéder aux
mystères de cette navigation à vue au cours du message à la
nation. Le discours de Mitsamiouli n'a fait qu'ajouter à la
confusion en jetant le doute sur la légitimité des signataires
de Tana et en remettant en cause leur représentativité au
risque d'ouvrir la boite de pandore.
Le ballon d'essai (une assemblée constituante inavouée?),
lancé au cours du meeting met à nu la volonté délibérée
d'enterrer en douce et définitivement l'accord de Tana (un clin
d'oil au lieutenant Colonel Abeïd). L'hameçon sera facilement
avalé par les îles et les partis politiques seront emportés
dans le tourbillon. Ainsi la boucle sera bouclée.. Simple vue de
l' esprit ? Que l'avenir nous démente. Amin!
Education :
Une rentrée presque Certaine
Par N.Bourhani
Bientôt 4 ans, la rentrée scolaire relève d'un exploit, en
raison de l'hypothétique réunion des conditions nécessaires à
une rentrée scolaire sérieuse. Tantôt ce sont les conditions
pédagogiques qui font défaut, tantôt c'est un bras de fer
entre le gouvernement et le corps enseignant qui réclame selon
le moment, le versement des salaires, la régularisation des
avancements et de leur statut ou tout simplement l'abrogation des
lois jugées injustes en tête desquelles les fameuses "lois
Nidhoim". La rentrée se fait toujours dans la douleur,
l'improvisation accusant, dans les meilleurs des cas, un retard
d'au moins deux mois qui se répercute sur la tenue des examens
de fin d'année, souvent organisés en septembre au grand
découragement des heureux élus du Bac, qui dans l'oisiveté à
Moroni, attendent une année durant, la rentrée universitaire
suivante.
Cette année, la rentrée scolaire est fixée aux 25 et 28
octobre pour l'intérêt bien compris du corps enseignant et des
élèves. Pour le corps enseignant, ces dates d'octobre devait
permettre d'organiser les examens de fin d'année vers le 25
juillet, pour jouir de 2 mois de vacances et une reprise des
cours au début d'octobre 2000.
Pour les élèves, les admis au bac pourront s'inscrire en temps
utile dans les universités et conjurer ainsi le spectre de
l'année d'oisiveté. Il reste à se demander si le Commissaire
à l'Education, auréolé du titre du finaliste du "moins
mauvais ministre de l'éducation" (voir Mlézi), saura
maintenir la date indiquée. Le moins que l'on puisse dire, c'est
que le doute est permis et les travaux d'assainissement de la fop
risquent de modifier lamentablement les projections.
D'une part, le corps enseignant doit s'assurer que tout
enseignant bénéficie d'un numéro de poste budgétaire pour
éviter tout risque dans l'avenir. D'autre part, une différence
d'enseignants chiffrée à 50 % par rapport aux enseignants en
exercice effectif, apparaît sur les listes: sur 900 enseignants
inscrits (Ngazidja et Moili), 600 seulement sont en exercice, et
environ 300 touchent encore l'indemnité de craie sans enseigner.
Par un mélange de faits et de tricheries de nos compatriotes qui
militent pour le développement du pays, des anciens enseignants
en exercice ailleurs continuent toujours d'émarger sur les
listes des enseignants. D'autres utilisent deux noms sur deux
cartes différentes avec la même photo, pour toucher deux paies,
avec ou sans la complicité de l'administration.
Le moins que l'on puisse souhaiter, c'est que la rentrée ait
lieu à la date indiquée: le 25 octobre 1999.
Politique Lettre
à un frère
Par J.Youssouf
Tu seras certainement surpris par ce canal que j'utilise pour te faire parvenir ce message. Mais en réalité tu ne devrais pas l'être vu l'immensité des responsabilités qui sont les tiennes depuis six mois: un chef d'Etat est rarement maître de son temps et dans cette nasse où tu te trouves, cela doit être encore pire. J'ai écouté tes discours à plusieurs reprises et devant leur limpidité, je n'arrive pas à comprendre les tergiversations des gens sur le bien fondé de tes aspirations.
Peut-être ont-ils oubliés le grand footballeur que tu as été
des années durant. Je te parle de Football parce que c'est le
sport que tu connais le mieux et qui ressemble à ce jeu auquel
tu aspires à devenir le champion. Aux Comores, la politique
c'est comme un match de Football; Et en Football, pour prétendre
à une victoire, des principes fondamentaux sont à respecter: le
choix des hommes, la composition et, enfin, disposer des schémas
tactiques bien maîtrisés. Il est temps que tu t'assures du
verrouillage de ton système. Le fait que le temps réglementaire
soit largement entamé sans que le score évolue en ta faveur, te
rapproche à grands pas de cette prolongation que tu redoutais.
Pourtant, cette mi-temps n'a pas été si pauvre en actions
d'envergure: Ta reprise de volée du 1er Juillet à Fomboni
restera pour longtemps un modèle du genre. Peu importe que le
ballon soit passé à côté du filet, l'essentiel est que cette
action ait eu le mérite de bénéficier d'un Standing ovation
(la Hola) des spectateurs. Tu as su utiliser avec intelligence
les résultats de l' applaudimètre pour tenter de réintégrer
ton équipe dans le club des nations. Mais les gens ont l'air
d'oublier que tu n'as jamais été que défenseur et à l'époque
ce poste ne demandait pas de grandes qualités de stratège ou de
meneur de jeu. Aussi, face à un dribleur de la trempe de George
Weah, en la personne d'ABEID, que tu dérapes de temps à autre
est compréhensible, l' essentiel étant de tenir debout pour
espérer contrer la prochaine feinte. Je suis par contre inquiet
de te voir privilégier un jeu défensif au détriment d'une
attaque tout azimut plus appropriée. Certes, l'équipe d'en face
semble bien soutenue par des conseillers très avisés
certainement proches de ta direction technique, n'empêche
qu'elle n'oriente son jeu qu'en fonction de tes erreurs
d'appréciation.
Le penalty encaissé quelques heures après ta cérémonie
élogieuse de Mitsamiouli sur le retour du fair-play est
instructif. Il ne faudrait pas que tu anticipes sur la défaite
car c'est pire que la défaite elle-même. As-tu entendu les
propos de l'avant centre de la dernière équipe que tu as mis en
touche? Il semble que parmi les causes de notre crise nationale,
l' ingérence des rejetons d'Astérix dans la gestion des
affaires de notre pays occupe un rang important. De la part de ce
joueur très lié dit-on à ce peuple, une telle déclaration
vaut son pesant d'or. Il est vrai que tu disposes d'un ailier de
débordement dont les actions vers l'extérieur sont
impressionnantes mais ça risque d'être en pure perte tant que
tu ne te seras pas débarrassé de ce marquage à la culotte dont
tu fais l'objet à l' intérieur de l'équipe comme à
l'extérieur. Je te rappelle que contrairement au Foot où la
défaite de l'équipe nationale entraîne inéluctablement le
limogeage de l'entraîneur, ici la servitude veut que ça soit le
capitaine qui encaisse fatalement le coup, car dans ce jeu
l'entraîneur reste inamovible. Enfin, n'oublie pas que tu t'es
engagé dans un tournoi triangulaire et ce n'est guère
réconfortant: tu auras à affronter l'équipe d 'Hassanaly ainsi
que tes coéquipiers qui, de toute façon, porteront d'autres
maillots quelque soit le résultat de la compétition engagée.
Mais c'est une autre histoire et, en attendant, une maîtrise des
tirs au but et des ses méandres est le souhait que je formule à
ton égard. Fraternellement, J.Y.
Constitution: Le Projet de
la discorde
Par Aboubakar
A quelques mois de mars, fin du règne Azali, un projet de
constitution pour les Comores de demain, discrètement élaboré
dans les couloirs du pouvoir, circule de mains en mains dans les
rues de Moroni. Ce projet, patchwork de nos constitutions
abrogées ou dissoutes et des propositions de constitutions
élaborées par le PRC, semble s'inspirer du cadre institutionnel
arrêté à Antananarivo, sans pour autant s'y conformer. Le
projet y déroge tant sur la forme, les procédures que sur le
fond.
Sur la forme et les procédures, il est de notoriété publique
que les architectes de ce cadre, c'est-à-dire, les parties
signataires de l'accord de Tana ainsi que les partis politiques
devaient participer pleinement à son élaboration et à sa mise
en forme sous les regards d'une expertise internationale d'une
expérience éprouvée.
Sur le fond, le projet opère un revirement pour le moins
dangereux de nature à compromettre toute initiative de sortie de
crise en consacrant un déséquilibre institutionnel dépouillant
l'île au profit d'un pouvoir central fort, omniprésent.
Le bloc de compétences accordées à l'Union et la panoplie de
prérogatives dévolues au Président de l'Union, chef de
l'état, augurent mal la décentralisation d'un pouvoir politique
longtemps concentré entre les mains d'une poignée d'hommes et
remettent en cause l` émancipation politique des îles,
appelées à prendre en mains leurs propres affaires. L'article 6
du projet de constitution procède à une répartition de
compétences entre l'Union et l'île en distinguant les domaines
exclusifs de l'Union (défense, relations extérieures,
nationalité, monnaie, immigration, enseignement supérieur et
recherche scientifique, programmes scolaires et diplômes, douane
et commerce extérieure, transports et télécommunications,
organisation générale de la santé, régime de protection
sociale, statuts des magistrats, militaires et fonctionnaires de
l'Union, droits civil, pénal, commercial), des domaines de
compétences concurrentes entre l'île et l'Union (justice,
planification, impôt et fiscalité et coopération) des
compétences exercées conjointement par l'île et l'Union
(enseignement primaire et secondaire, planification, jeunesse,
sport, culture, radio et télévision).
On le voit, l'île, premier dépositaire du pouvoir, ne
bénéficie d'aucun domaine de compétence propre et les
compétences concurrentes appartiennent de droit à l'Union
" aussi longtemps que les îles ne sont pas intervenues
" (Art7) et ne peuvent d'ailleurs intervenir dans ce bloc de
compétences concurrentes que lorsqu'elles peuvent " le
faire plus efficacement que l'union " Art.7, al 2). Qui en
sera le juge? Paradoxalement, " les matières autres que
celles qui sont ci-dessus énumérées sont exclusivement de la
compétence de l'île " (Art8), qui établit librement et
sans entrave sa constitution " alors que " l'ordre
juridique de l'Union a la primauté sur celui des îles "
avec " force exécutoire dans tout le territoire de la
République " (Art4) et les actes de la Cour suprême de
l'Union " s'imposent aux pouvoirs publics tant de l'Union
que des îles. " (Art.44). Les articles 4, 6, 7, 8 et 44 du
projet brillent tellement par leurs contradictions et
incohérences invraisemblables que l'on est en droit de
s'interroger sur le sérieux et la compétence de l'auteur : soit
l'île exerce les compétences de droit commun et l'Union les
compétences d'exception auquel cas les dispositions des articles
4, 7et 44 perdent de leurs substances ; soit, à l'inverse,
l'île exerce des compétences d'exception auquel cas elle ne
peut nullement établir " librement et sans entrave sa
propre constitution " encore moins exercer les compétences
(lesquelles ?) non énumérées à l'article 6.
Sans préjuger de l'adhésion des comoriens à un tel projet, ni
accuser l' auteur d'incurie juridique et politique, et encore
moins d'idiotie ou de cynisme, on ne peut que constater que ce
projet efface d'un trait de plume les aspirations légitimes des
îles et ignore complètement leur revendication pour une
émancipation politique et une autonomie administrative et
financière. N'est-il pas suicidaire de vouloir faire fi des
acquis d'Addis Abeba et d'Antananarivo ?
Economie
FMI - BM / Comores: Une fin de non recevoir
Par Aboubakar
Une très forte délégation comorienne conduite par le
Commissaire aux finances s'est rendu à Washington où elle a
participé à l'Assemblée annuelle du FMI et de la banque
mondiale dans l'espoir de renouer avec les institutions de Breton
Wood. L'enjeu majeur pour la partie comorienne était de
négocier la levée de la suspension des décaissements de fonds
des projets Banque mondiale. Ces projets qui interviennent dans
des secteurs variés tels que l' économie, la santé,
l'éducation, l'appui aux petites et moyennes entreprises, les
infrastructures et les projets communautaires ou villageois pour
une valeur totale de plus de 3 milliards de fc par an sont
suspendus depuis bientôt un an au motif que le gouvernement de
l'époque n'a pas pu honorer ses engagements vis -à- vis de la
Banque mondiale en remboursant la dette qui, à l'époque, n'
était que d'une trentaine de millions de fc. Une somme ridicule
eu égard au train de vie de l'Etat! L'effort consenti par les
nouvelles autorités pour le remboursement de la moitié de la
dette (près de 400 millions fc) n'a pas suffit à la Banque
mondiale pour lever les sanctions, le remboursement totale de la
dette étant une condition préalable à une reprise éventuelle
des négociations! La délégation avait aussi pour mission de
négocier un accord de politique d'ajustement structurel, jamais
obtenu depuis la fin du régime Djohar et ce, malgré les
défilés à Washington de nos gouvernements successifs. Au delà
de l'autosatisfaction toujours relayée par radio Comores, aucun
gouvernement n'a pu atteindre les objectifs fixés en commun
accord avec les institutions de Brettons woods. A force de voir
nos dirigeants défiler tour à tour à Washington avec le même
discours de bonne intention jamais suivi d'actions concrètes,
nos interlocuteurs de Washington opposent une fin de non recevoir
aux requêtes des Comores. Et comme un malheur ne vient jamais
seul, nous sommes encore une fois mis à l'épreuve. N'empêche,
selon le Commissaire aux finances, la reprise des négociations
est pour bientôt, en janvier 2000. Qu' à cela ne tienne! Mais
l'observateur averti sait déjà qu'un tel exercice peut durer
longtemps avant d'aboutir à un accord PAS et, dans les meilleurs
des cas, les Comores ne peuvent espérer un programme PAS qu'à
partir du mois de juin 2000! Le défi lancé par les autorités
comoriennes de verser six mois de salaires en trois mois et, en
même temps, éponger sa dette auprès de la Banque mondiale
risque de rajouter la liste déjà longue de fausses promesses.
Toute la logique de ce paiement repose sur la contribution des
sociétés d'état au titre d'arriérés d'impôt ou assimilés,
des régies et des administrations financières au titre des
recettes. Ainsi des mesures et des résultats trop ambitieux ont
été annoncés mais l'absence d'une étude technique sérieuse
préalable devant apprécier les capacités réelles des
différentes structures précitées à répondre aux objectifs
fixés, risque de détourner les belles projections établies.
Développement: La femme
en action
Par B. Rahamatoudhoi
A la veille du troisième millénaire la femme comorienne,
surtout la femme rurale joue un rôle prépondérant dans le
développement. Si on traduit financièrement les travaux des
femmes, on constate qu'elles participent autant que les hommes,
sinon plus à la construction des localités, voire du pays. En
plus de la procréation, c'est la femme qui s'occupe des tâches
ménagères, prépare l'enfant pour aller à l'école et l'aide
à faire ses devoirs pendant que le père, s'il est véhiculé,
le dépose et le reprend.
En gros, c'est elle qui se préoccupe du quotidien, de l'équilibre de la famille. Dans la communauté, les hommes décident, en réunion exclusivement masculin des réalisations et objectifs à atteindre, et la femme doit participer à la fois financièrement, en donnant des fonds pour la réalisation de ces infrastructures communautaires (mosquée de vendredi, places publiques, foyers de jeunes, école .) et physiquement, en aidant les hommes dans les travaux (ramassage du sable, de cailloux, puisement d'eau, .) . Cependant, elle ne bénéficie pas toujours de ces infrastructures: - seules les dépouilles des femmes passent à ces mosquées avant l'enterrement. - les places publiques sont interdites aux femmes - la femme doit rester à la cuisine au lieu d'aller "s'amuser" dans les foyers des jeunes Actuellement, la femme va plus loin et réfléchit sur les moyens d'augmenter le revenu familial et diminuer sa dépendance financière envers son mari, l'oncle... Dans beaucoup de cas, elle tente de créer de petites entreprises de conservations et de transformations des produits agricoles, d'atelier de broderie.
Toutefois, ses idées n'arrivent pas à termes et les difficultés se situent à différents niveaux: - En matière de crédit; Il n'est pas aisé d'être une femme et de demander un financement pour entreprendre, même dans les projets d'appui aux initiatives économiques dont la femme est, soit disant prioritaire (Projets AIEB, AMIE, Micro réalisation.). En effet, pour avoir un crédit, il faut entre autres conditions, présenter une garantie, qui peut être, soit un terrain dont le gérant est par exemple l'oncle, soit une maison dont elle n'en a pas. On peut aussi citer comme condition d'octroi de crédit la caution, c'est à dire un fonctionnaire ou un richard qui se compte au bout des doigts dans les villages. A ce stade, la majorité des femmes abandonnent. - La gestion; Pour la femme qui réussit à avoir le prêt, la famille s'accapare du projet et la gestion devient une casse tête. L'oncle se prend pour le propriétaire légitime et légal de l'affaire, car c'est à lui de construire la vie de sa nièce, de préparer son grand mariage. En plus, "la femme ne peut pas autogérer" une affaire sans apparaître comme insolente, aux yeux du village. - La technologie; En dehors de la technique de marketing, le manque d'appareil et d'outil adéquat fait défaut. Cette carence joue un rôle dans la productivité et dans la concurrence avec les produits importés (confiture, broderie.), ce qui fatigue à la longue la femme, physiquement et moralement. - L'impact de la politique; Dans notre "éducation" et dans nos "us et coutumes", une femme ne peut pas s'affirmer en politique, ne peut pas être devant la scène, la preuve jusqu'alors, aucune femme n'a été élu à l'assemblée fédérale. Les politiciens n'impliquent les femmes qu'en période d'élection. Elles sont importantes et incontournables dans les campagnes électorales. Les femmes, dans leur majorité, sont d'une telle tendance politique, pas par conviction mais parce que son mari, son oncle ou son père y est. Cela se confirme surtout pendant les campagnes électorales : des mariages rompus, des familles en conflits. CEE: L'arnaque (suite) Par Saïd Ali La reprise par la CEE à occasionnée le départ forcé de près d'une centaine d 'agents. Le critère retenu pour effectuer ces licenciements fut la date de recrutement : Les agents entrés dans l'entreprise à partir du premier janvier 1995 ont été limogés et sont partis avec quelques indemnités et surtout beaucoup d'amertume. Le critère avancé pour les remercier n'était pas convaincant. Ces agents ont retenu eux que les départs concernaient surtout les plus jeunes dont la qualification était moins sujette à caution. Mais d'autres départs ont suivi : des cadres, d'anciens dirigeants de l'entreprises.
Un des cadres récemment licenciés a porté de graves accusations sur les dirigeants de la CEE. Les motifs invoqués pour l'écarter sont selon lui fallacieux et cachent d'autres motifs moins avouables. Le silence de la CEE, face aux accusations de Salah Said Ahmed Cheikh laisse perplexe.
En tout état de cause, la réduction drastique des effectives n'a pas entraîné une amélioration des conditions de travail si l'on en croit la grève déclenchée il y a quelques mois par le personnel en place et la grogne persistante des cadres de l'entreprise. Ceux-ci se plaignent ouvertement d'être mis à l'écart des centres de décision et d'être traités comme de simples subalternes. L'arrivée du grand patron de la boite courant septembre a été présenté comme l'occasion de mettre sur le tapis l'ensemble de ces problèmes. De fait, des avenants au contrat ont été mis à l'étude. Mais on ignore ce qu'il en est ressorti. Les propos tenus à Radio - Comores par le Directeur Général, restent très en déça des attentes des consommateurs et il est à prévoir prochainement d'autres actions. Il est vrai que la réaction des consommateurs a eu un résultat concret: annulation de l'augmentation des tarifs intervenue dans la facture du troisième bimestre 1999. Mais ce n'est pas la première fois que la CEE recule (pour mieux sauter?). L'on se rappelle le fameux quota forfaitaire de 40 Kw! Cela n'a pas empêché la CEE de revenir à la charge. Gageons que la CEE sera désormais tenu à l'oil par des consommateurs plus avertis. Mais au-delà du problème de la CEE, c'est toute la stratégie et le processus des privatisations de nos infrastructures (ports, aéroports, énergie, eau, télécommunications etc.) qui sont à mettre en équation.
Après EEDC, la SOCOPOTRAM risque un bradage, Air Comores morte depuis belle lurette ne vaudra pas un clou, la SCH (Société Comorienne des hydrocarbures) et la SNPT et d'autres encore suivent sur la liste. Pour éviter le même scénario que celui de l'EEDC, les autorités doivent : - faire jouer la transparence dans la définition, l'application et le contrôle des processus de privatisations en cours, ouvrir la libéralisation à des participants comoriens de l'intérieur et de la diaspora, réviser les clauses abusives et les avenants qui mettent le pays et ses infrastructures à la merci d'un preneur, aussi bien intentionné soit-il. Et surtout, justifier le programme de privatisations actuel, à un moment où le pays se débat dans des transitions heurtées, des gouvernants intérimaires et des partenaires étrangers cir onspects. Société Environnement: La terre a de la fièvre Par N.Bourhani Le doute n'est plus possible, scientifiquement. En produisant de plus en plus de gaz carbonique, de Méthane, et divers Chlorofluorocarbones (CFC), tels les fréons et les Oxydes nitreux, nous accentuons l'effet de serre et aboutissons à un réchauffement de la planète. En effet, notre atmosphère fonctionne comme la vitre d'une serre. Une partie de la lumière solaire qui la traverse (les rayons ultraviolets sont absorbés par la couche d'ozone) est absorbée par la terre qui se réchauffe ainsi. Le sol émet alors des rayons infrarouges qui transportent une partie de cette chaleur. Mais ces derniers, piégés par certaines molécules, ne peuvent plus s'échapper, la chaleur est alors renvoyée vers le sol élevant ainsi la température. Les principaux accusés sont, dans l'ordre le gaz carbonique qui provient de la respiration des êtres vivants et de toute combustion nécessaire à l' activité de l'Homme, ensuite le Méthane qui provient des " pets des vaches " et des déjections des termites, de la fermentation des marais et des rizières et enfin le protoxyde d'azote qui émane de l'industrie et des épandages d'engrais.
Bien entendu, les Comores sont loin des pays responsables de cette "fièvre", mais quant on sait, que parmi les conséquences du réchauffement de la planète, est l'élévation du niveau des mers et des océans, qui entraîne "submersion, accentuation de l'érosion, salinisation des estuaires, réduction du volume des eaux douces souterraines, augmentation des cyclones", nous ne sommes pas épargnés. Il ne s'agit pas d'arrêter les activités de l'homme, ni d'empêcher la vache de "péter". car le vrai problème du réchauffement de la planète trouve son origine dans le gaspillage, tant au niveau de la production qu'à celui de la consommation. Car la solution ne saurait consister à restreindre les moyens dont disposent les populations les plus pauvres pour satisfaire leurs besoins et leurs aspirations. S'il faut limiter la croissance mondiale des biens matériels pour sauvegarder l'environnement de la planète, la justice exige que l'on redistribue les chances et les ressources en faveur de ceux qui sont dans le besoin. Comme le dit si bien Boutros Boutros Ghali : "Il est primordiale que les gouvernements et les peuples assument leurs responsabilités et prennent des mesures immédiates pour protéger et préserver notre milieu naturel. A cet égard, la solidarité doit être universelle, car c'est de cette entreprise que dépendent le bien être de l'homme et la survie de l'humanité". Santé: Maman cherche Sage-femme Par J.Youssouf L'enquête démographique et de santé réalisée en 1996 montre qu'aux Comores 85% des naissances ont donné lieu à des consultations prénatales auprès d'un professionnel de la santé, 52% a bénéficié de l'assistance de personnel qualifié et 48% des naissances ont lieu dans un établissement sanitaire. Ces chiffres supposent que dans notre pays, la femme enceinte est de plus en plus sensibilisée sur la nécessité d'une surveillance prénatale et qu'elle commence à mesurer le danger que représente les accouchements à domicile.
Dans ce pays où le taux de natalité reste très élevé, la sensibilisation et l'éducation des femmes en matière de soins prénatals et d'assistance à l'accouchement doivent être soutenues. Nos hôpitaux, disposent d'un personnel qualifié en nombre relativement suffisant pour assurer cette prise en charge. Malheureusement, cette abondance est loin de garantir l'efficacité attendue. En effet, en matière de prise en charge des femmes enceintes, deux schémas sont couramment suivis: d'abord, les services spécialisés de nos hôpitaux (maternité, PMI, .) et ensuite les sage femmes privées qui suivent ces femmes pendant toute la durée de leur grossesse jusqu'à l'accouchement. Le paradoxe est que pour l'un comme pour l'autre, l'accouchement est réalisé dans le service hospitalier mais avec un avantage substantiel pour la sage femme privée qui perçoit des honoraires occultes bien déterminées. Dans ce pays où les difficultés financières n'épargnent personne, cet avantage constitue une source de discrimination contre les femmes enceintes les plus vulnérables. Le spectacle de ces femmes tortillées par la douleur dans les couloirs ou sur la table d'accouchement, abandonnées à elles-mêmes, irrite plus d'une conscience. Certes, les conditions de vie et de travail de ces spécialistes sont loin d'être enviables, mais elles n'expliquent ni le déferlement des propos antipathiques qui s'abattent sur ces patientes, ni la négligence dont font fi plus particulièrement le personnel de garde dans nos maternités. Ces comportements sont d'une ampleur telle que l'on ne peut pas s'empêcher de les lier à des accidents graves pouvant être évités. Si la compétence et la technicité des sage femmes sont certaines, l'accueil et l'attention que la plupart réserve à ces femmes méritent de sérieuses améliorations. Quant à l'exercice de la profession de sage femme privée, le danger existe dans la mesure où la compétence et la disponibilité ne se retrouvent pas toujours chez toutes les sage femmes.
La compétition de l'appât du gain par l'accroissement des patientes concourre à discréditer la sage femme elle même pénalisée par le flux. Une organisation urgente de la profession est plus que nécessaire. Comores: Comment enseigner la Chimie sans laboratoire Par N.Bourhani La Chimie a deux visages. Le premier est celui d'une science, celle des transformations des corps en d'autres corps qui diffèrent des premiers par la nature et l'arrangement de leurs atomes; c'est l'étude des phénomènes moléculaires. Le second visage est celui d'une action: ayant étudié les matières premières naturelles, le chimiste utilise ses connaissances pour fabriquer des produits, des objets. répondant aux besoins les plus variés de l'Homme. c'est une industrie. Enseigner la Chimie c'est donc transmettre un message qui doit contenir ces deux aspects: la science des phénomènes moléculaires et la fabrication des produits pour le besoin de l'Homme. Il n'est donc pas aisé, en l'absence de laboratoire, d'expliquer et de faire imaginer à des élèves, comment des atomes et des molécules se rencontrent, s'arrangent et se modifie pour que le résultat soit différent en fonction de la variation de Température pour ne citer que ce paramètre. Ce n'est pas non plus facile de montrer dans l'imaginaire, qu'en présence d'un produit X, un composé Y devient liquide et incolore pour enfin prendre une couleur Z. Sans laboratoire, comment fait-on ? On demande aux élèves de nous croire sur parole. Le plus "intelligent" nous croit, le plus "idiot" s'interroge, et nous considère pour des éducateurs bizarres, sinon farfelus. Mais en réalité, est il normal de reléguer dans l'imaginaires, des phénomènes visibles et palpables, faute de passer à l'expérimenter? Est-ce la faute de l'enseignant ou de l'élève du Lycée de Mbéni, là où il n'y a ni électricité, ni eau courante? Est-ce la faute de l'enseignant ou de l'élève du Lycée de Foumbouni, ou de Mitsamiouli là où il n'y a pas de laboratoire? Pour le seul Lycée, celui de Moroni, équipé d'un laboratoire vétuste, comment doit-on dispatcher les élèves des terminales avec le minimum de matériel et de produits dont, les dates d'expirations sont largement dépassées ? Dans ces conditions, en 1ère année universitaire, nos futurs étudiants ne sauront pas ce que c'est qu'un Becher ou une Pipette, et ça au moins, ce n'est pas de leur faute. Au moins, ce n'est pas la responsabilité exclusive de l'enseignant qui hésite de se "débrouiller" pour faire des manipulations de démonstration aux élèves. C'est d'autant plus délicat que le temps imparti ne s'y prete pas: 2 heures de Chimie par semaine, donc 64 heures par an en Terminale C et D pour un programme évalué à 45 heures et seulement 19 heures d'exercices et contrôles (minimum 2 par trimestre), pour une classe dont l'effectif minimum est de 40 élèves et parmi ceux-ci 40 % seulement ont le niveau.
Communiqué de M.S.A. Mchangama
Le PRC refuse de discuter un texte produit par la junte et des services obscurs de l'Union Européenne. L'Union Européenne en tant qu'observateur dans les conférences inter îles comoriennes, se doit d'observer une stricte neutralité, coordonner ses initiatives avec les autres organisations internationales: ONU, OUA, Ligue des Etats Arabes, et les pays de la région. Elle doit aussi veiller à avoir la confiance des différents acteurs de la crise comorienne. Le projet de texte présenté démontre une méconnaissance totale des enjeux actuels de la crise et des réalités comoriennes, à moins qu'elle ne soit une manouvre pour approfondir la crise. Le PRC s'en tient aux engagements pris à Antananarivo, la rédaction de la constitution doit être un travail collectif des différents protagonistes de la crise. Rien n'empêche que la désignation d'experts reconnus et respectés ne soit le fruit d'une décision commune. Le PRC appelle les partis responsables à écrire à Romano Prodi, aux présidents de groupe du parlement européen, et aux groupes nationaux, pour attirer l'attention des autorités politiques de l'Union sur l'ingérence inacceptable de ses services dans la crise comorienne. Les politiciens comoriens ne sont que trop coupables de leurs atermoiements, et petites complicités devant les déficiences et les manquements de services et de fonctionnaires d'organismes internationaux qui se croient tout permis aux Comores. Il est temps de réagir pour que cette crise soit résolue de par la volonté des Comoriens dans le respect des règles et du droit international. Mohamed Saïd Abdallah MCHANGAMA Paris, le 18 octobre 1999 Rédacteur en chef: Saïd Ali Saïd Ahmed Directeur Commercial: Ali Mbaraka "Tsasi" B.P 665 Moroni - Comores Site du PRC: http:// www.chez.com/prc Adresse électronique: partirepublicain @ hotmail.dotcom Tel: 73.25.29/73.34.89 Fax: 73.33.29